Fête du 1er Mai : Les aide-ménagères brisent le silence
Fête du 1er Mai : Les aide-ménagères brisent le silence La commémoration du 1er Mai a été sanctionnée, pour la première fois, par la participation remarquable au défilé d’environ 160 jeunes filles aide-ménagères sous la houlette du Groupe de recherche action-droits de l’enfant au Mali (GRADEM). Elles ont été ovationnées par un grand public. C’est une grande première. Ce n’est qu’un début pour amener tout le monde à ne plus jamais bafouer leur dignité. A ce propos, Méma Diarra, âgée de 18 ans, ressortissant de Djenné, ne cache pas sa satisfaction en participant à la fête du travail pour manifester à l’instar de tous les travailleurs du monde et réclamer ses droits. Tombée enceinte, sa patronne la renvoie sans droit. «Traumatisée, raconte-t-elle, je ne savais même pas quoi faire. Heureusement, une amie m’a indiqué l’Ong GRADEM qui apporte aide et assistance aux jeunes filles confrontées à ce genre de difficultés. C’est ainsi que j’y suis accueillie à bras ouvert. Grâce à GRADEM, j’ai été suivie jusqu’au terme de ma grossesse. Par ailleurs, poursuit-elle, l’Ong nous apprend beaucoup de métiers, dont la fabrication de gâteaux, de savons, la tenture, etc., afin que nous nous prenons en charge et jouons un grand rôle dans le développement de notre pays. GRADEM, nous accompagne lors de notre retour au bercail. Elle ne ménage aucun effort pour rendre agréable notre voyage à travers beaucoup de gestes. Aujourd’hui, nous participons à la fête du 1er Mai au même titre que tous les travailleurs pour revendiquer nos droits violés par nos patronnes. Une fois de plus, grâce à l’Ong GRADEM, je ne souffre plus. Je commence à refaire ma vie», se réjouie Méma Diarra, fière de retrouver sa dignité. C’est également la joie de mener une nouvelle vie qui anime Kadia Guéro, ressortissante du cercle de Bankass. Agée de 18 ans, elle se souvient de son calvaire douloureux avant trouver un réconfort moral et un soulagement sans nul autre pareil auprès de GRADEM. «Je travaillais dans une famille à Kalabancoro. Lorsque je suis tombée enceinte, se rappelle-t-elle, le cœur plein d’amertume, ma patronne ma chassé comme une chienne. Ainsi, j’ai perdu mon emploi. Je croyais que le ciel m’était sur la tête. Je suis allé voir une tante qui m’a immédiatement conduite au GRADEM. Depuis, je ne souffre plus. Les encadreurs m’ont même appris des métiers. Le 1er Mai, c’est la fête des travailleurs. Nous demandons aux patronnes de nous accorder un temps de repos et améliorer nos conditions de vie et de travail en révisant nos salaires à la hausse», exige-t-elle, de bon droit. Halimatou Samake qui boucle cette année ses 18 hivernages, ressortissante de Togouna, réclame, elle aussi, ses droits. «Sans me tromper, soutient-elle mordicus, l’Ong joue un grand rôle pour les aide-ménagères. En cas de grossesse d’une fille, elle mène l’enquête, trouve l’auteur de sa grossesse et l’amène à s’assumer. Grâce à GRADEM, nous sommes considérés comme des citoyens. Avant, on nous mettait de côté. Nous ne demandons pas aux patronnes de nous donner un repos samedi et dimanche, mais de réduire au moins notre temps de travail pendant le week-end». En fait, le GRADEM promeut et protège les droits fondamentaux des enfants. Il inscrit sa noble et exaltante mission dans la perspective de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (CDE) et de la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant (CADBE). Selon Dakono Véronique, responsable du centre d’accueil du Groupe de recherche action-droits de l’enfant au Mali (GRADEM), en participant au défile du 1er Mai, l’Ong veut sensibiliser les autorités politiques, syndicales, l’opinion nationale et internationale sur la situation des travailleurs domestiques, plus particulièrement des jeunes filles, afin que des mesures idoines soient prises pour une meilleure protection de leurs droits à travers la ratification de la Convention 189 de l’Oit par le Mali. A l’en croire, «le centre d’accueil du GRADEM aide les aides ménagères à jouir pleinement de leurs droits via la limitation du temps de travail, une meilleure condition de vie et un salaire décent. Ne serait-ce que pour leur permettre de se prendre en charge sur le plan médical. Nous avons, signale Dakono Véronique, un autre centre qui nous aide à entretenir et accompagner les jeunes filles qui ont des difficultés dans leur travail». Dans un document axé sur la Convention 189 pour l’amélioration des conditions et l’environnement du travail des jeunes filles aide-ménagères (travailleuses domestiques) au Mali, le GRADEM explique clairement pourquoi ce plaidoyer si limpide. Il consiste, par le canal de cette publication inédite de sensibiliser la population sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail et de vie des jeunes filles aide-ménagères mineures. Dès à présent, il est temps d’appliquer rigoureusement les dispositions légales et réglementaires régissant le droit du travail au Mali, notamment celui des enfants. D’ici 2015, le GRADEM entend amener le gouvernement de la République du Mali à inclure dans son agenda la ratification de la Convention 189 de l’Oit et garantir les droits des travailleuses domestiques mineures. Bont vent !